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COVID-19 : le gouvernement épinglé par les pompiers

L’exécutif est visé par plusieurs plaintes de médecins pour sa gestion de la pandémie, mais il a été également épinglé par les pompiers dans un rapport non finalisé et confidentiel qui a été révélé par Le Parisien.

Révélé le 4 juillet par Le Parisien, le Retex est un document correspondant au «retour d’expérience» rédigé par la Fédération nationale des sapeurs-pompiers (FNSP) à l’attention du ministère de l’Intérieur sur la crise du Covid-19. Or, il contient de vives critiques à l’égard de la stratégie du gouvernement pour faire face à la pandémie. Destiné à Beauvau, ce document n’était «pas finalisé et ne devait pas fuiter dans la presse», a regretté auprès de l’AFP le colonel Hugues Deregnaucourt, vice-président de la FNSP.

Manque de réactivité et d’organisation, coups de com…

Entre autres reproches adressés au gouvernement, les auteurs du rapport déplorent l’installation tardive du centre interministériel de crise (le 17 mars 2020), soulignant que les «trois premiers cas recensés en Métropole dataient du 24 janvier».

«On a confié le rôle de commandant de crise à des conseillers techniques»

De façon plus globale, les pompiers critiquent l’attribution des responsabilités aux différents acteurs de la crise. «On a confié le rôle de commandant de crise à des conseillers techniques», souligne par exemple le rapport cité par Le Parisien. «Plutôt qu’une crise sanitaire, cette crise a surtout été celle du leadership de la communication», conduisant à l’incompréhension des «acteurs de terrain, pompiers, mais aussi médecins généralistes», précisent encore les auteurs du Retex.

Le texte pointe également les limites du «numéro unique de santé» vers lequel le gouvernement a orienté les appels des citoyens qui avaient des doutes sur leur état de santé. Un choix qui, selon les pompiers, «s’est traduit par une saturation du service» : «Le 15 a montré son vrai visage, celui d’un numéro de renseignement, pas d’un numéro d’urgence.» Le document évoque par exemple un délai moyen de réponse du Samu parisien de 45 minutes à certaines périodes, comparant la situation au cas autrichien où l’existence de deux numéros a permis d’avoir un temps d’attente maximum de «3 minutes et 26 secondes au plus fort de la crise». Toujours selon Le Parisien, le rapport va même plus loin en évaluant les conséquences de la saturation du 15 :

«Des requérants non-Covid en situation d’urgence vitale n’ont jamais eu de réponse et sont morts dans l’indifférence générale. Un vrai scandale !»

Par ailleurs, faisant référence aux TGV qui, au mois de mars, ont été affrétés pour transférer des malades des zones les plus touchées vers des régions où les hôpitaux étaient moins saturés, les pompiers évoquent ici de «pures opérations de communication et véritable esbroufe» :

«Etait-il efficace de faire faire des centaines de kilomètres aux victimes, alors que souvent il y avait de la place dans la clinique d’en face ?», interrogent-ils.

Création d’un ministère ? Les pompiers en force de proposition

Le retour d’expérience des pompiers liste enfin des propositions pour anticiper l’avenir. Avec l’ambition de «revoir [le] modèle de gestion de crise», les auteurs du document proposent, par exemple, de placer le ministère de l’Intérieur comme «responsable de la conduite opérationnelle des crises», de rattacher les services de la protection civile au Premier ministre, ou encore de créer un ministère «chargé de la gestion des crises et des situations d’urgence», reprenant ici l’exemple russe.

Le Retex préconise également de «renforcer l’articulation entre l’Etat central, les préfets de départements et les territoires». En substance, de faire confiance aux acteurs de terrain et de proximité, comme le souligne Le Parisien.

Image: L’évacuation d’une personne présentant les symptômes. Pendant le transport, deux pompiers sont à l’arrière en tenue de protection et accompagnent la victime durant le trajet. Photo Fred LECOCQ – 29 Mars 2020

Originaux: RT – Fr