Une candidate qui fracture la France, en divisant et opposant les travailleurs avec un programme xénophobe, pour mieux soutenir le système capitaliste en place.
Son programme social ? baisse des salaires, répression anti- syndicale, et cadeaux fiscaux au grand patronat. Pas vraiment étonnant pour une riche héritière.
Tout le monde le sait, les Le Pen sont riches, très riches et n’ont qu’un but : faire en sorte que les riches deviennent encore plus riches. Pour cela ils considèrent que l’autorité et la force ainsi que la division des français sont incontournables pour faire barrage aux oppositions et construire un rapport des forces politique favorable à l’oligarchie qui pourra alors en finir avec les valeurs de la République, les acquis sociaux et démocratiques de deux siècles et installer un régime fort, policier, de type militaire, qui libérera l’exploitation des travailleurs de tout ce qui l’entrave.
Les Le Pen ne sont pas des convertis de date récente. Comme tous les riches et les assoiffés de pouvoir totalitaire ils ont tracé leur chemin pierre par pierre.
Le texte ci-dessous nous fait remonter aux origines de la fortune des Le Pen qui s’est construite par l’exploitation éhontée des migrants venus en France pour fuir les dictatures, pour trouver du travail et des espaces de liberté.
A l’origine la famille Lambert
Ils étaient Yougoslaves, Chinois, Espagnols, Italiens, Polonais, il y avaient des Français arrivés des colonies ou des Bretons. C’est ce que rapporte un témoin, lui-même d’ascendance italienne, qui évoque “l’ambiance Lambert” au quartier de la Carrière à Cormeilles-en-Parisis avant 1939. Lambert, en effet, ce n’était pas que du ciment.
La famille Lambert est propriétaire d’une ferme et d’une carrière de gypse à Cormeilles dès avant la Révolution. Le gypse est la matière première qui sert à fabriquer le plâtre. Le gypse de Cormeilles est particulièrement pur. L’absence d’oxydes de fer lui permet de donner un plâtre des plus blancs, le plâtre de Paris.
Lorsqu’Hilaire Lambert, à la fin du dix-neuvième siècle, rationalise l’extraction du gypse et la production du plâtre, 3 autres carrières ont déjà été achetées. Il réalise une usine à plâtre mécanisée, une briqueterie et une usine à chaux. Il achète une locomotive à vapeur. La situation de l’entreprise, aux portes de Paris, non loin de la Seine lui permet de livrer rapidement et à des coûts raisonnables les matériaux à Paris.
C’est un marché fantastique. En 1900, il sortait des usines Lambert 58.000 tonnes de matériaux. Pas seulement du plâtre, mais aussi des briques, de la chaux, etc.
En 1908 (il a 62 ans) il installe ses trois fils à la tête du groupe qu’il a créé :
- Charles, 32 ans, est directeur de l’exploitation (extraction et transformation)
- Léon, 31 ans, est directeur commercial
- Fernand, 29 ans, est directeur technique
Chacun des trois frères apporte le tiers du capital social, au total 1.100.000 francs, somme fantastique pour l’époque.
En 1909, une grève éclate dans les plâtrières (carrières de gypse et usines à plâtres) de la région parisienne, les revendications ouvrières sont les suivantes :
- augmentation des salaires à 70 centimes/heure pour les chefs d’équipe, 60 pour les terrassiers (les salaires les plus hauts n’atteignaient pas 50 centimes)
- journée de 10 heures, heures supplémentaires à 50% de plus
- durée maximale hebdomadaire de 60 heures
- suppression des cantines patronales
- suppression du couchage sur les fours
Le dernier point concernait les travailleurs les plus pauvres, souvent les plus âgés parce qu’ils n’avaient plus beaucoup de force et que leur paie était maigre. Les patrons leur permettaient de passer la nuit dans l’usine sur les fours. Évidemment, c’était bien pratique parce que l’ouvrier dormant dans l’usine pouvait continuer à surveiller les fours. Par contre il arrivait fréquemment qu’il s’endorme pour toujours à cause des émanations gazeuses.
Hilaire Lambert, bien qu’il ait passé les commandes à ses fils, prend les choses en main. Il obtient des pouvoirs publics la venue des gendarmes. Il se fait du souci pour les nombreux chevaux nécessaires aux livraisons en ville et enfermés, pour cause de grève, dans leurs écuries. La grève chez Lambert, commencée le 22 avril, se terminera le 23 mai après accord signé le 22. Sont acquis :
- la suppression des cantines et du couchage sur les fours
- la suppression des intermédiaires pour le travail à la tâche
- l’absence de renvoi pour faits de grève
- la journée de onze heures
- un jour de repos hebdomadaire
- une augmentation de 13 centimes de l’heure
- la paye tous les quinze jours
Les Lambert vivent dans l’opulence
Les années suivantes seront celles d’un boom de la construction à Paris : entre 1910 et 1914 le nombre de logements terminés va quadrupler. En 1910, la production des usines Lambert est estimée à 95.000 tonnes de matériaux.
En 1931, sera créée en bord de Seine la cimenterie. Les marnes bleues sous-produits de l’extraction du gypse, comme le sable, serviront de matière première au ciment industriel avec la craie extraite d’autres exploitations environnantes. La carrière est gigantesque : un kilomètre de long et jusqu’à 100 mètres de haut, en plusieurs paliers. Des wagonnets circulent sur les paliers.
On peut imaginer que les frères Lambert, dont la force est finalement d’avoir suivi le conseil de leur père, c’est à dire de faire prospérer l’affaire en restant unis, vivent dans l’opulence. D’autant qu’ils ont diversifié leur production (robinetteries, baignoires, etc.) et acquis des carrières, tuileries, etc. dans d’autres régions de France.
La collaboration avec l’occupant allemand
Léon Lambert vit avant la guerre à Saint-Cloud, à Montretout, une magnifique propriété qui domine Paris. La guerre, justement, va le priver quelque temps de sa chère propriété, vu que les allemands y installent la Feldkommandantur 758. Il ne s’agit pas d’une banale antenne de l’armée allemande : il s’agit d’une place forte militaire (et policière) qui commande tout le sud-ouest de Paris. Des résistants du véritable Front National (qui n’a évidemment rien à voir avec celui créé en 1972) y seront interrogés avant pour certains d’être envoyés en déportation.
Léon, lui a fait contre mauvaise fortune bon coeur et s’est installé près de l’usine. C’est alors Pierre Lambert, le fils de Fernand, qui la dirige. Des officiers allemands y ont leur bureau. En 1944, “Monsieur Pierre” transcrit dans ses notes de service les circulaires allemandes :
- les absences injustifiées ou l’insuffisance de rendement au travail seront punies directement par la Feldkommandantur
- le directeur doit signaler chaque mois aux allemands les noms des absents plus de trois jours, le motif de leur absence, et le nom de “ceux qui ne s’acquittent pas de leur tâche avec la diligence nécessaire”
Après la guerre, Léon Lambert retrouve sa propriété de Montretout. La reconstruction, la nécessité de construire de nouveaux logements, font évidemment les affaires des Lambert.
Un groupe puissant se met en place
En 1946, ils participent à la création de la marque Placoplâtre dans leur usine de Vaujours.
En 1967, à Cormeilles commencera à fonctionner la première unité de production automatique de carreaux de plâtre de France.
La cimenterie des bords de Seine tourne à plein régime pendant ses années-là. Lafarge s’y intéresse, y prend une participation puis la rachète définitivement au début des années 1970.
Charles, le frère aîné, décède en 1964, son fils ainé Paul, né en 1902 a déjà pris sa succession. Fernand, le troisième des frères, décède en 1972. Il a eu la satisfaction de voir son fils Pierre, né en 1909 et avec lequel nous avons déjà fait connaissance, prendre progressivement les rênes de l’entreprise familiale.
En 1972, Lambert Frères, dirigée par Pierre Lambert, devient une holding qui chapeaute trois filiales :
- Lambert Industrie
- Lambert céramique
- Lambert distribution
Léon Lambert, lui, est décédé en 1952. Il a eu un fils, Hubert, né en 1934. Ce dernier a donc 32 ans de moins que son cousin Paul et 25 ans de moins que son cousin Pierre.
Hubert Lambert l’ami des factieux d’extrême-droite
Contrairement à eux, Hubert n’aura aucune responsabilité dans la société. Ce qui ne l’empêche pas, en tant que fils unique de Léon qui est décédé, d’être immensément riche. Il vit reclus avec sa mère à Montretout en rêvant de politiques autoritaires.
Tous les factieux d’extrême-droite le connaissent et le flattent pour lui soutirer de l’argent. Il s’invente une personnalité d’auteur, publie sous le nom de Saint-Julien, des livres plus ou moins écrits par d’autres. Oisiveté, alcool, médicaments, tabac, confinement, exaltation, sa mère s’inquiète de ce qu’il deviendra après sa mort. Il a déjà fait plusieurs testaments en faveur de meneurs fascistes.
Le couple Le Pen entre en contact avec lui, lui donne des responsabilités au Front National, créé en 1972. Il se sent important. Sa mère voit semble-t-il d’un bon oeil ce couple qui pourrait s’occuper de son fils après sa disparition et approuve un nouveau testament, cette fois en faveur des Le Pen.
Les Le Pen héritent d’une fortune colossale
Il se trouve que la mère d’Hubert décède en 1976, et qu’un mois plus tard, c’est au tour d’Hubert Lambert lui-même. Les Le Pen sont en possession du dernier testament, donc le seul valable. Un cousin d’Hubert, Philippe Lambert (fils de Charles ou de Fernand ?), qui habitait aussi la maison de Montretout, a bien envie d’attaquer Jean-Marie Le Pen, mais il trouve finalement un arrangement avec ce dernier. Le testament ne sera pas contesté. Non seulement, Hubert n’a pas d’enfants, mais sauf erreur, il n’est pas question de frères, soeurs, nièces, ni de neveux.
A combien se montait réellement l’héritage d’Hubert Lambert ? C’est assez difficile à dire. Les chiffres qui ont circulé (plusieurs dizaines de millions de francs de 1976) semblent faibles, au regard du million cent mille francs qui a servi de capital social en 1908. Il est certain qu’une partie de l’argent était déposée en Suisse (Fondation Saint-Julien, d’autres peut-être). Les années 70, le programme commun, la montée en puissance de la gauche étaient propices aux promenades de santé de l’oseille vers la Suisse.
C’est ainsi que les Le Pen ont vu leur situation financière changer du tout au tout en 1976.
Marion, dite Marine, le Pen qui avait huit ans cette année-là, a bien profité, et profite encore de cet héritage constitué par le travail harassant de milliers d’ouvriers bretons, chinois, polonais, yougoslaves, algériens, espagnols, italiens, dans les carrières, usines et dépôts Lambert.